Pour Noël, il est de coutume dans ma famille de fabriquer une très grande crèche représentant la campagne et les collines provençales. Rien d’étonnant à cela, car je suis originaire d’Aubagne, la capitale des santons de Provence. Cette crèche est peuplée de nombreux santons d’argile peints (santoun en provençal signifie petit saint), comme c’est la tradition chez nous. Parmi tous ces personnages, l’un d’entre-eux sort plus particulièrement du lot. Il s’agit du Ravi !
L’histoire de ces santons est admirablement racontée dans La Pastorale des Santons de Provence d’Yvan Audouard que j’ai écouté à chaque Noël avec émerveillement durant toute mon enfance. Si vous souhaitez vous aussi l’écouter, je vous conseille la version originale de 1957 (voir la vidéo ci-dessous). C’est une vraie merveille ! Encore aujourd’hui, j’ai les larmes qui me montent aux yeux à chaque fois que je l’écoute ! C’est un conte qui me touche au cœur, pas seulement à cause des souvenirs d’enfance encore bien vivaces, mais surtout à cause de ce qu’il contient et de ce qu’il transmet.
Le saviez-vous ?
La pastorale est une pièce de théâtre parlée et chantée, qui est donnée autour de Noël. Elle raconte de manière plus ou moins sérieuse – on y trouve plein d’anecdotes amusantes ! – la nativité. Elle est jouée par des amateurs, en général les habitants de la ville / du village eux-mêmes. Rappelons que la tradition des pastorales est encore bien vivante et populaire et que de nombreuses représentations sont données encore aujourd’hui. On compte plus de 250 versions différentes. Cette tradition se perd dans la nuit des temps. Les pastorales sont les héritières des « mystères » du Moyen-Âge, de grandes fresques théâtrales qui racontent la vie des saints ou certains épisodes religieux en langage vernaculaire (pour que tout le monde puisse les comprendre). D’abord donnés dans les églises, les mystères sont ensuite joués sur le parvis et peuvent rassembler plusieurs centaines de figurants et d’interprètes !
Parmi ces santons, il y a un personnage bien particulier dont j’ai envie de vous parler aujourd’hui, c’est le Ravi (Lou Ravi en provençal). Il s’agit de celui qui est toujours représenté les bras en l’air et le bonnet de nuit sur la tête. Depuis mon enfance, il m’a toujours attiré car il n’est pas du tout comme les autres. D’ailleurs, les autres personnages de la crèche le lui font bien comprendre en le mettant à l’écart ! Ils le perçoivent comme un « fada », c’est-à-dire comme quelqu’un d’un peu benêt, un simple d’esprit (c’est l’idiot du village, le ravi de la crèche…), mais aussi comme un fainéant qui ne travaille pas. Il n’est donc pas très bien vu par la communauté. Même si je ressentais qu’il y avait quelque chose de particulier en lui qui me faisait l’apprécier presque plus que les autres (à part peut-être le berger), il m’a fallu beaucoup de temps pour comprendre ce qu’il était en réalité. Il n’y a que quelques années que j’ai fini par réaliser ce qu’il faisait exactement comme « travail »… Il est intéressant de rappeler que « fada » signifie littéralement « possédé par les fées » !
Pour moi, le Ravi est en fait un méditant contemplatif ! Il passe ses journées en perpétuelle admiration devant la beauté de la nature et des personnes autour de lui. Il est le témoin de la vie qui l’entoure. Pas un témoin qui regarde et qui tire des conclusions de ce qu’il voit ou qui juge ! Encore moins un témoin qui donne des conseils ! Non c’est un témoin de la vie qui regarde avec les yeux de son cœur ! Son mental s’est mis en retrait au profit de son cœur qui lui est grand ouvert. Et c’est pour ça que les autres personnages le prennent pour un simplet. Mais comme il est dans son cœur, il n’éprouve ni tristesse, ni ressentiment, ni sentiment de rejet ou de solitude ! Au contraire, il voit ceux qui l’entourent tels qu’il sont véritablement et il les aime de manière inconditionnelle. C’est aussi pour cette raison qu’il est le seul à proposer son aide spontanément à celui qui en a besoin pour avancer sur le chemin. C’est en rendant service qu’il se sent le plus heureux !
La méditation contemplative est une façon particulière de regarder le monde pour petit à petit laisser notre cœur s’ouvrir et nous amener à un véritable éveil de la conscience. La contemplation apprend à nos yeux à regarder au-delà des apparences, à regarder la véritable nature des choses et des êtres vivants, y compris de nous-même. A un certain moment de ce processus, nos pensées semblent disparaitre, mais en fait elles ne disparaissent jamais, c’est seulement que nous ne leur accordons plus autant d’importance. Ce qui devient important pour nous, c’est ce que l’on ressent dans notre cœur et aussi le cœur qui réside en chaque chose que nous voyons ou que nous touchons. Il n’y a plus aucun sentiment de souffrance en nous. C’est bien cet état là que vit le Ravi ?
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Avec le recul des années, je trouve ce conte de la Pastorale des Santons de Provence très initiatique. Je n’aurais jamais cru étant enfant qu’il m’inspirerai autant parvenu à l’âge adulte. Je suis infiniment reconnaissant à tous ceux qui ont permis que cette Pastorale fasse partie de ma culture et de mon éducation ! Elle recèle bien d’autres messages tout aussi importants que je vous laisse découvrir. Voici celui que nous transmet Le Ravi :
Pour être vraiment heureux, regardons le monde avec les yeux de notre Cœur !
Je vous souhaite de bonnes fêtes et un joyeux Noël à vous tous… ❤️